Que ma joie demeure, Jean Giono

Que ma joie demeure, Jean Giono

juillet 2, 2021 0 Par admin

Le début de Que ma joie demeure de Jean Giono est… d’un délicieux inusable ! Je ne m’en lasse pas, et depuis des années !


Ca commence comme ça :

« C’était une nuit extraordinaire.
Il y avait eu du vent, il avait cessé, et les étoiles avaient éclaté comme de l’herbe. Elles étaient en touffes avec des racines d’or, épanouies, enfoncées dans les ténèbres et qui soulevaient des mottes luisantes de nuit.
Jourdan ne pouvait pas dormir. Il se tournait, il se retournait.
« Il fait un clair de tout beauté » se disait-il.
Il n’avait jamais vu ça.
Le ciel tremblait comme un ciel de métal. On ne savait pas de quoi puisque tout était immobile, même le plus petit pompon d’osier. Ca n’était pas le vent. C’était tout simplement le ciel qui descendait jusqu’à toucher la terre, racler les plaines, frapper les montagnes et faire sauter les corridors des forêts.  Après, il remontait au fond des hauteurs.
Jourdan essaya de réveiller sa femme.
« Tu dors ?
– Oui
– Mais tu réponds ?
– Non
– Tu as vu la nuit ?
– Non.
– Il fait un clair superbe.
…. »

Extrait de: Jean Giono, Que ma joie demeure, Editions Bernard Grasset, 1935