Les yeux de sel, pages 7 et 8
Soudain avide de compagnie, elle bifurqua vers les boites de la rue du Fer Blanc et l’enseigne lumineuse du Scoubidou dont elle aimait les caves et les tomettes rouges.
Quand elle y entra, un ensorceleur rythme de basses montait de l’escalier. En bas, tout n’était que balancements, jeux de bras, roulés de hanches, sueurs… Tandis qu’elle slalomait entre des corps, direction les coussins noirs au fond de la salle, un regard lumineux, vert bleu, touche le sien. Une silhouette longue – pantalon rouge, pull ocre-terre, chevelure droite – la frôla et s’évanouit derrière.
Il faisait chaud. Elle ôta son chandail… Une immensité pressait sur sa peau. Elle ferma les yeux pour mieux la sentir et le regard – gris-vert… ou bleu-vert…- qu’elle venait de croiser la pénétra d’une infinie douceur…
…C’était un vrai, un indicible, un immense mohair…
Elle attrapa son pull et replongea dans le flot. Une seule chose comptait : retrouver ce contact. Fixant tant bien que mal la silhouette de dos, son pull beige et sa chevelure droite, elle pagaya dans la masse, jouant des coudes pour garder le cap du pilier central du côté duquel la silhouette tressautait dans le feu du laser. Mais quand elle posa sa main sur la colonne rugueuse, plus de pull vert. L’inconnu s’était volatilisé…